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[Lore] Le sang des Bien-nés, par Micky Neilson.
[Lore] Le sang des Bien-nés, par Micky Neilson.
Bonsoir,
Je vous propose une histoire rédigée par Micky Neilson qui est le directeur de la publication chez Blizzard, il supervise l'équipe qui s'occupe des comics, romans et livres. Cette histoire est tirée du recueil «Légendes», elle raconte une partie de l'attaque de Silvermoon et la création des Chevaliers de Sang,
Bonne lecture !
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Fort heureusement, l'accès de délire cessa. Liadrin revint à elle, mais les horreurs dont elle avait été témoin occupaient encore ses pensées. Elle secoua la tête pour reprendre ses esprits, ouvrit les yeux et observa les alentours sens dessus dessous. La fumée s'était dissipée et les flammes vacillantes des torches projetaient des ombres dansantes sur les murs de pierre taillée. Des masques de bois colossaux enfilés sur des lances coiffées de silex jetaient des regards sévères. Il s'agissait d'effigies grossières dédiées à des dieux bestiaux sombres et primitifs qui montaient la garde en silence.
Au moins, la pièce avait retrouvé son apparence normale. L'espace clos était circulaire, avec en son centre un anneau de marches qui menaient vers une petite dépression. Des rainures s'y déployaient à l'image des rayons d'une roue jusqu'à un système d'écoulement installé tout autour du cercle. Liadrin nota avec un immense malaise que le sol et les rainures étaient maculés de taches brunes. Au-dessus de la dépression pendait un gros crochet au bout d'une chaîne rouillée fixée au plafond. Son regard fut attiré par le brasero en cuivre plat, ou presque, situé à un mètre. Quelques braises y rougeoyaient encore légèrement.
Quelque part, près du mur situé sur sa droite, Dar'Khan se réveilla en sursaut. Elle tourna la tête et vit qu'il tentait de se défaire de ses liens, en vain. Le mage était beaucoup trop faible. Il avait le visage rougi par le sang qui lui était descendu à la tête. On distinguait nettement les veines de ses tempes et ses longs cheveux traînaient au sol. Il jeta des coups d’œil frénétiques en tous sens, avant de pousser un grand soupir.
Et de tourner la tête en direction de Liadrin.
- J'étais piégé dans une sorte de rêve affreux.
- Tout comme moi, répondit Ladrin. J'ai repris conscience il y a quelques secondes à peines.
Dar'Khan se débattit une fois encore, en pure perte.
- Je ne peux pas mourir ainsi, marmonna-t-il. Pas ligoté comme un vulgaire animal.
- Nous ne pouvons pas mourir ainsi, répliqua Liadrin.
- Je n'aime pas ces propos macabres.
C'était la voix de Galell. Liadrin tourna la tête de l'autre côté, là où était suspendu le jeune prêtre. Elle se demanda depuis combien de temps il avait repris conscience. Il poursuivit, non sans une certaine désinvolture.
- Vous parlez tous les deux comme si vous aviez déjà renoncé. Moi, je compte bien trouver une solution pour nous tirer de ce mauvais pas.
Dar'Khan se mit à rire jaune.
- Ah, la joyeuse ignorance de la jeunesse.
- L'ignorance ? Ce n'est pas moi qui nous ai jetés dans la gueule du loup.
- C'est votre maladresse assurément qui a prévenu ces sauvages de notre présence.
- Au moins, je ne suis pas le premier à avoir été assommé.
- Pour cela, encore eût-il fallu que vous vous battiez. Après tout, vous autres les prêtres, vous n'êtes pas faits pour les rigueurs de la bataille.
- Notre rôle, répliqua Liadrin, consiste à préserver la vie et à initier nos camarades aux splendeurs de la Lumière. Il est beaucoup plus facile de verser le sang que de l'étancher et lorsque vous serez étendu, meurtri, sur un champ de bataille, vous remercierez le Puits de soleil pour nos talents.
Dar'Khan songeait encore à sa réponse lorsque Liadrin reprit.
- Mais pas pitié, ne nous disputons pas. En attirant l'attention, nous sommes sûrs qu'ils reviendront et nous priveront à nouveau de nos sens.
Dar'Khan souffla d'un air froissé et un silence s'en suivit, seulement brisé par le crépitement des torches. Liadrin tenta de bouger, ne fût-ce qu'un doigt. Mais ses liens lui serraient les mains dans le dos et le reste de son corps ne répondait pas. Tout ce qu'elle ressentait, c'était la douleur cuisante des cordes qui lui ficelaient les chevilles. Galell prit la parole d'un ton calme.
- A votre avis, pourquoi ne nous ont-ils pas encore tués ?
- Je n'en sais rien, Galell, répondit Liadrin.
En fait, elle avait sa petite idée à ce sujet. Elle avait entendu parler des rituels ignobles des trolls, des histoires dont le jeune homme n'avait visiblement jamais eu vent, et autant dire qu'elles finissaient toujours mal. Quel que soit le sort que leur réservaient les monstres à la peau moussue, cela ne pouvait être qu'extrêmement déplaisant. Elle se tourna vers Dar'Khan, qui avait fermé les yeux, comme s'il méditait. C'était une bonne chose. Peut-être que les effets s'estompaient. Liadrin aussi avait le sentiment de retrouver lentement ses facultés de concentration. Elle ferma les yeux à son tour et chercha de toutes ses forces la splendeur de la Lumière, mais celle-ci lui échappait toujours.
Elle se demanda si leur absence était passée inaperçue. Peut-être les Pérégrins avaient-ils lancé les recherches. Peut-être regroupaient-ils déjà leurs troupes. Elle se réprimanda de n'avoir pas réclamé une escorte armée plus défaillante. Elle aurait dû faire davantage pour protéger son jeune apprenti. En dépit de sa forfanterie, Galell connaissait très mal le monde. Mais la dernière attaque contre un village elfique remontait à plusieurs mois, et elle s'était sentie en sécurité avec la poignée d'archers qui les menaient. Bien évidemment, ces derniers étaient rapidement tombés face aux trolls qui sortaient d'on ne sait où.
Ils avaient attaqué depuis les arbres, où ils s'étaient sans doute cachés. Avaient-ils neutralisé la pierre runique ? Ou l'avaient-ils simplement découverte avant d'attendre, en sachant qu'on finirait par venir voir ce qui se passait ? S'ils avaient bel et bien obtenu le pouvoir de saboter les pierres runiques... Elle perçut de légers bruits de pas; de l'autre côté de la porte en bois située en face d'elle. Un cliquetis métallique se fit entendre, et la porte s'ouvrit en grinçant. Créature hideuse, pensa Liadrin au moment où le troll apparut. Après tout, elle avait plus de raisons de détester les trolls qu'une bonne partie de son peuple. Son père et sa mère avaient perdu la vie face à ces bêtes, durant l'une de leurs violentes attaques.
Ce troll-là portait l'extrémité d'une perche en bois sur son épaule osseuse. La créature dégingandée franchit aisément le seuil de la porte, mais elle était si grande que la mince bande de cheveux qui ornait le sommet de son crâne et ses longues oreilles en pointe en effleurèrent à peine le chambranle. Elle endossait la tenue tribale primitive des Amani, qui se limitait, pour ainsi dire, à un pagne, des plumes, des perles et divers oripeaux de cuir. Deux haches de jet légères étaient suspendues à une ceinture de corde de part et d'autre de sa taille. Le troll observa le trio et sourit jusqu'aux oreilles, ses lèvres sombres révélant ses dents pointues et de longues défenses jaunes pointant vers le haut.
Il fit quelques pas dans la pièce et s'écarta pour laisser entrer un second troll, qui lui ressemblait énormément, à la différence que ses défenses espacées pointaient vers le sol. Un autre elfe était pendu. C'était un forestier, lui aussi un pérégrin de haut rang à en croire son armure légère. Il avait le menton rentré dans la poitrine pour éviter que sa tête ne traîne sur le sol. Les trolls se mirent à se chamailler dans leur langue étrange, dont Liadrin ne saisit que des bribes. Le premier fit un signe de la tête en direction du mur où les autres elfes étaient déjà attachés. Et le second désigna le crochet suspendu au centre de la pièce.
- Ne vous disputez pas pour moi, dit le forestier.
Il en profita pour observer les lieux et évaluer la situation en n'omettant aucun détail. Son regard croisa celui de Liadrin et il lui adressa un bref sourire de compassion. Le premier troll baissa les yeux vers le forestier, se tourna vers son compagnon, puis haussa les épaules. Ils descendirent la volée de marches qui menait au centre de la pièce et le hissèrent pour glisser la corde qui lui liait les chevilles dans le crochet. Ensuite, le second troll retira la perche.
- Dans quelques instants, votre misérable planque sera investie, prévint le forestier. Si vous nous laissez partir maintenant, peut-être ferons-nous preuve de clémence.
Le second troll gratifia le forestier d'un violent coup de pied à la tête. Son camarade fut pris d'un gloussement grave et guttural qui fit frémir Liadrin. Il y eut mouvement à la porte. Les deux trolls s'immobilisèrent, puis s'écartèrent en voyant un de leurs congénères entrer dans la pièce. Le nouveau venu était appuyé sur un bâton surmonté d'une tête elfique réduite. Des crânes difformes et grimaçants étaient perchés au bout des bâtons qu'il portait sur le dos. Des besaces, des charmes et d'étranges talismans se balançaient à sa ceinture. Son visage arborait les rides d'un vieillard, mais ses yeux luisants surmontés d'arcades sourcilières proéminentes étaient étonnamment pétillants. Dar'Khan gémit a nouveau.
- Oh, non, pas encore...
Le vieux féticheur contourna le centre de la pièce et s'approcha du brasero. Les deux autres trolls sortirent à la hâte dès qu'ils virent le féticheur plonger la main dans une besace, d'où il tira plusieurs feuilles vertes, qu'il laissa tomber dans le récipient.
- Qu'est-ce qu'il fabrique ? demanda le forestier.
- Il nous calme, répondit Liadrin.
Le féticheur empila soigneusement du bois sous le brasero, et glissa en dessous une cordelette d'une quinzaine de centimètres de long. Puis il se pencha et prononça un mot.
- Dazdooga.
Liadrin se figura que cela signifiait «feu» car, une fois de plus, l'extrémité de la cordelette s'embrasa. Le vieux féticheur gloussa en s'éloignant d'un pas traînant, contourna de nouveau le cercle et quitta la pièce. Les x autres trolls refermèrent bien vite la porte et la verrouillèrent de l'extérieur.
- Nous n'avons pas beaucoup de temps, prévint Liadrin alors que la mèche se consumait lentement.
- Je m'appelle Lor'themar Theron, répondit brièvement le forestier. Je suis un lieutenant des Pérégrins. Notre groupe, fort de trois guerriers, a été vaincu. Nous avons envoyé une vingtaine de ces monstres auprès de leurs ancêtres avant que je ne sois touché par l'une de leurs potions en bouteille. Quand je me suis réveillé, mes camarades étaient morts et j'étais... tel que vous me voyez maintenant.
- Vous avez dit que d'autres venaient nous aider, c'était vrai ? demanda Galell.
- Malheureusement, non. C'était du vent, mais vu la situation... ( Il tourna les yeux vers la mèche. ) ...Je me suis dit que cela valait le coup d'essayer
- Avez-vous une idée du sort qu'ils nous réservent ? s'inquiéta Dar'Khan.
Lor'themar tenta de tourner la tête pour voir le mage, mais sans succès.
- Non. Mais quand ils m'ont amené ici, j'ai eu l'impression qu'ils se préparaient à l'arrivée, de quelqu'un.
Il ne restait maintenant plus qu'un quart de la mèche. Liadrin se tourna vers Dar'Khan.
- Avez-vous récupéré ?
Le mage tenta de se concentrer. Liadrin et les autres sentirent un léger tiraillement au plus profond d'eux-mêmes. La sensation dura quelques secondes avant de s'évanouir. Dar'Khan secoua la tête.
- Pas encore.
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Suite demain soir !
Je vous propose une histoire rédigée par Micky Neilson qui est le directeur de la publication chez Blizzard, il supervise l'équipe qui s'occupe des comics, romans et livres. Cette histoire est tirée du recueil «Légendes», elle raconte une partie de l'attaque de Silvermoon et la création des Chevaliers de Sang,
Bonne lecture !
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Chapitre 1 : Tous ou aucun.
Fort heureusement, l'accès de délire cessa. Liadrin revint à elle, mais les horreurs dont elle avait été témoin occupaient encore ses pensées. Elle secoua la tête pour reprendre ses esprits, ouvrit les yeux et observa les alentours sens dessus dessous. La fumée s'était dissipée et les flammes vacillantes des torches projetaient des ombres dansantes sur les murs de pierre taillée. Des masques de bois colossaux enfilés sur des lances coiffées de silex jetaient des regards sévères. Il s'agissait d'effigies grossières dédiées à des dieux bestiaux sombres et primitifs qui montaient la garde en silence.
Au moins, la pièce avait retrouvé son apparence normale. L'espace clos était circulaire, avec en son centre un anneau de marches qui menaient vers une petite dépression. Des rainures s'y déployaient à l'image des rayons d'une roue jusqu'à un système d'écoulement installé tout autour du cercle. Liadrin nota avec un immense malaise que le sol et les rainures étaient maculés de taches brunes. Au-dessus de la dépression pendait un gros crochet au bout d'une chaîne rouillée fixée au plafond. Son regard fut attiré par le brasero en cuivre plat, ou presque, situé à un mètre. Quelques braises y rougeoyaient encore légèrement.
Quelque part, près du mur situé sur sa droite, Dar'Khan se réveilla en sursaut. Elle tourna la tête et vit qu'il tentait de se défaire de ses liens, en vain. Le mage était beaucoup trop faible. Il avait le visage rougi par le sang qui lui était descendu à la tête. On distinguait nettement les veines de ses tempes et ses longs cheveux traînaient au sol. Il jeta des coups d’œil frénétiques en tous sens, avant de pousser un grand soupir.
Et de tourner la tête en direction de Liadrin.
- J'étais piégé dans une sorte de rêve affreux.
- Tout comme moi, répondit Ladrin. J'ai repris conscience il y a quelques secondes à peines.
Dar'Khan se débattit une fois encore, en pure perte.
- Je ne peux pas mourir ainsi, marmonna-t-il. Pas ligoté comme un vulgaire animal.
- Nous ne pouvons pas mourir ainsi, répliqua Liadrin.
- Je n'aime pas ces propos macabres.
C'était la voix de Galell. Liadrin tourna la tête de l'autre côté, là où était suspendu le jeune prêtre. Elle se demanda depuis combien de temps il avait repris conscience. Il poursuivit, non sans une certaine désinvolture.
- Vous parlez tous les deux comme si vous aviez déjà renoncé. Moi, je compte bien trouver une solution pour nous tirer de ce mauvais pas.
Dar'Khan se mit à rire jaune.
- Ah, la joyeuse ignorance de la jeunesse.
- L'ignorance ? Ce n'est pas moi qui nous ai jetés dans la gueule du loup.
- C'est votre maladresse assurément qui a prévenu ces sauvages de notre présence.
- Au moins, je ne suis pas le premier à avoir été assommé.
- Pour cela, encore eût-il fallu que vous vous battiez. Après tout, vous autres les prêtres, vous n'êtes pas faits pour les rigueurs de la bataille.
- Notre rôle, répliqua Liadrin, consiste à préserver la vie et à initier nos camarades aux splendeurs de la Lumière. Il est beaucoup plus facile de verser le sang que de l'étancher et lorsque vous serez étendu, meurtri, sur un champ de bataille, vous remercierez le Puits de soleil pour nos talents.
Dar'Khan songeait encore à sa réponse lorsque Liadrin reprit.
- Mais pas pitié, ne nous disputons pas. En attirant l'attention, nous sommes sûrs qu'ils reviendront et nous priveront à nouveau de nos sens.
Dar'Khan souffla d'un air froissé et un silence s'en suivit, seulement brisé par le crépitement des torches. Liadrin tenta de bouger, ne fût-ce qu'un doigt. Mais ses liens lui serraient les mains dans le dos et le reste de son corps ne répondait pas. Tout ce qu'elle ressentait, c'était la douleur cuisante des cordes qui lui ficelaient les chevilles. Galell prit la parole d'un ton calme.
- A votre avis, pourquoi ne nous ont-ils pas encore tués ?
- Je n'en sais rien, Galell, répondit Liadrin.
En fait, elle avait sa petite idée à ce sujet. Elle avait entendu parler des rituels ignobles des trolls, des histoires dont le jeune homme n'avait visiblement jamais eu vent, et autant dire qu'elles finissaient toujours mal. Quel que soit le sort que leur réservaient les monstres à la peau moussue, cela ne pouvait être qu'extrêmement déplaisant. Elle se tourna vers Dar'Khan, qui avait fermé les yeux, comme s'il méditait. C'était une bonne chose. Peut-être que les effets s'estompaient. Liadrin aussi avait le sentiment de retrouver lentement ses facultés de concentration. Elle ferma les yeux à son tour et chercha de toutes ses forces la splendeur de la Lumière, mais celle-ci lui échappait toujours.
Elle se demanda si leur absence était passée inaperçue. Peut-être les Pérégrins avaient-ils lancé les recherches. Peut-être regroupaient-ils déjà leurs troupes. Elle se réprimanda de n'avoir pas réclamé une escorte armée plus défaillante. Elle aurait dû faire davantage pour protéger son jeune apprenti. En dépit de sa forfanterie, Galell connaissait très mal le monde. Mais la dernière attaque contre un village elfique remontait à plusieurs mois, et elle s'était sentie en sécurité avec la poignée d'archers qui les menaient. Bien évidemment, ces derniers étaient rapidement tombés face aux trolls qui sortaient d'on ne sait où.
Ils avaient attaqué depuis les arbres, où ils s'étaient sans doute cachés. Avaient-ils neutralisé la pierre runique ? Ou l'avaient-ils simplement découverte avant d'attendre, en sachant qu'on finirait par venir voir ce qui se passait ? S'ils avaient bel et bien obtenu le pouvoir de saboter les pierres runiques... Elle perçut de légers bruits de pas; de l'autre côté de la porte en bois située en face d'elle. Un cliquetis métallique se fit entendre, et la porte s'ouvrit en grinçant. Créature hideuse, pensa Liadrin au moment où le troll apparut. Après tout, elle avait plus de raisons de détester les trolls qu'une bonne partie de son peuple. Son père et sa mère avaient perdu la vie face à ces bêtes, durant l'une de leurs violentes attaques.
Ce troll-là portait l'extrémité d'une perche en bois sur son épaule osseuse. La créature dégingandée franchit aisément le seuil de la porte, mais elle était si grande que la mince bande de cheveux qui ornait le sommet de son crâne et ses longues oreilles en pointe en effleurèrent à peine le chambranle. Elle endossait la tenue tribale primitive des Amani, qui se limitait, pour ainsi dire, à un pagne, des plumes, des perles et divers oripeaux de cuir. Deux haches de jet légères étaient suspendues à une ceinture de corde de part et d'autre de sa taille. Le troll observa le trio et sourit jusqu'aux oreilles, ses lèvres sombres révélant ses dents pointues et de longues défenses jaunes pointant vers le haut.
Il fit quelques pas dans la pièce et s'écarta pour laisser entrer un second troll, qui lui ressemblait énormément, à la différence que ses défenses espacées pointaient vers le sol. Un autre elfe était pendu. C'était un forestier, lui aussi un pérégrin de haut rang à en croire son armure légère. Il avait le menton rentré dans la poitrine pour éviter que sa tête ne traîne sur le sol. Les trolls se mirent à se chamailler dans leur langue étrange, dont Liadrin ne saisit que des bribes. Le premier fit un signe de la tête en direction du mur où les autres elfes étaient déjà attachés. Et le second désigna le crochet suspendu au centre de la pièce.
- Ne vous disputez pas pour moi, dit le forestier.
Il en profita pour observer les lieux et évaluer la situation en n'omettant aucun détail. Son regard croisa celui de Liadrin et il lui adressa un bref sourire de compassion. Le premier troll baissa les yeux vers le forestier, se tourna vers son compagnon, puis haussa les épaules. Ils descendirent la volée de marches qui menait au centre de la pièce et le hissèrent pour glisser la corde qui lui liait les chevilles dans le crochet. Ensuite, le second troll retira la perche.
- Dans quelques instants, votre misérable planque sera investie, prévint le forestier. Si vous nous laissez partir maintenant, peut-être ferons-nous preuve de clémence.
Le second troll gratifia le forestier d'un violent coup de pied à la tête. Son camarade fut pris d'un gloussement grave et guttural qui fit frémir Liadrin. Il y eut mouvement à la porte. Les deux trolls s'immobilisèrent, puis s'écartèrent en voyant un de leurs congénères entrer dans la pièce. Le nouveau venu était appuyé sur un bâton surmonté d'une tête elfique réduite. Des crânes difformes et grimaçants étaient perchés au bout des bâtons qu'il portait sur le dos. Des besaces, des charmes et d'étranges talismans se balançaient à sa ceinture. Son visage arborait les rides d'un vieillard, mais ses yeux luisants surmontés d'arcades sourcilières proéminentes étaient étonnamment pétillants. Dar'Khan gémit a nouveau.
- Oh, non, pas encore...
Le vieux féticheur contourna le centre de la pièce et s'approcha du brasero. Les deux autres trolls sortirent à la hâte dès qu'ils virent le féticheur plonger la main dans une besace, d'où il tira plusieurs feuilles vertes, qu'il laissa tomber dans le récipient.
- Qu'est-ce qu'il fabrique ? demanda le forestier.
- Il nous calme, répondit Liadrin.
Le féticheur empila soigneusement du bois sous le brasero, et glissa en dessous une cordelette d'une quinzaine de centimètres de long. Puis il se pencha et prononça un mot.
- Dazdooga.
Liadrin se figura que cela signifiait «feu» car, une fois de plus, l'extrémité de la cordelette s'embrasa. Le vieux féticheur gloussa en s'éloignant d'un pas traînant, contourna de nouveau le cercle et quitta la pièce. Les x autres trolls refermèrent bien vite la porte et la verrouillèrent de l'extérieur.
- Nous n'avons pas beaucoup de temps, prévint Liadrin alors que la mèche se consumait lentement.
- Je m'appelle Lor'themar Theron, répondit brièvement le forestier. Je suis un lieutenant des Pérégrins. Notre groupe, fort de trois guerriers, a été vaincu. Nous avons envoyé une vingtaine de ces monstres auprès de leurs ancêtres avant que je ne sois touché par l'une de leurs potions en bouteille. Quand je me suis réveillé, mes camarades étaient morts et j'étais... tel que vous me voyez maintenant.
- Vous avez dit que d'autres venaient nous aider, c'était vrai ? demanda Galell.
- Malheureusement, non. C'était du vent, mais vu la situation... ( Il tourna les yeux vers la mèche. ) ...Je me suis dit que cela valait le coup d'essayer
- Avez-vous une idée du sort qu'ils nous réservent ? s'inquiéta Dar'Khan.
Lor'themar tenta de tourner la tête pour voir le mage, mais sans succès.
- Non. Mais quand ils m'ont amené ici, j'ai eu l'impression qu'ils se préparaient à l'arrivée, de quelqu'un.
Il ne restait maintenant plus qu'un quart de la mèche. Liadrin se tourna vers Dar'Khan.
- Avez-vous récupéré ?
Le mage tenta de se concentrer. Liadrin et les autres sentirent un léger tiraillement au plus profond d'eux-mêmes. La sensation dura quelques secondes avant de s'évanouir. Dar'Khan secoua la tête.
- Pas encore.
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Suite demain soir !
Erianøs- Messages : 9
Age : 25
Date de naissance : 14/07/1999
Date d'inscription : 30/12/2013
Re: [Lore] Le sang des Bien-nés, par Micky Neilson.
Bonsoir, v'la la suite !
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La flamme n'était plus qu'à un cheveu des brindilles. Lor'themar reprit rapidement.
- Nous avons une chance de survivre, mais pour cela, nous allons devoir collaborer. Dès que l'occasion se présentera, je passerai à l'action. Vous autres essayerez d'en faire de même. Le moment venu, n'hésitez pas une seconde ! Je vous jure que, quoi qu'il arrive, je ne vous abandonnerai pas si je réussis à me libérer. Le petit bois s'embrasa. Le forestier poursuivit.
Le brasero se mit à brûler. Une épaisse fumée noire se dégagea des feuilles, s'élevant vers le plafond en tourbillonnant. Au bout de quelques secondes, des tentacules nébuleux se mirent à redescendre. Lor'themar conclut :
- Je vous le jure : ce sera tous ou aucun.
Liadrin observa la fumée qui s'enroulait autour de ses pieds et de ses jambes, avant de remonter le long de son corps.
- C'est d'accord : tous ou aucun.
Galell se rallia à leur opinion et, aussi étonnant que cela puisse paraître, le ton de sa voix transmit le même sang-froid, la même assurance qu'un peu plus tôt.
- Tous ou aucun.
Dar'Khan écarquilla les yeux lorsque la fumée lui caressa le torse.
- Oui,oui... tous ou aucun !
La pièce fut plongée dans le noir. Liadrin ferma les paupières et les sons qui lui parvenaient aux oreilles lui parurent étouffés, comme déformés. Elle retint son souffle aussi longtemps qu'elle le put, mais céda finalement à la panique et avala une goulée d'air. La fumée âcre et brûlante lui envahit les poumons. Elle eut aussitôt un sentiment de déchirement, comme si son esprit était séparé de son corps, perdu et errant dans le dense brouillard sombre. Elle prit vaguement conscience de ses yeux qui s'ouvraient.
La fumée se retira vers les bords de la pièce en tourbillonnant comme un nuage d'orage doué de vie. Lor'themar trembla légèrement, puis convulsa violemment. Il se tortilla comme un poisson au bout d'un hameçon et de l'écume jaillit de sa bouche. Une voix retentit dans l'espace clos, la voix rauque et râpeuse d'un troll. Elle semblait venir de partout et résonna dans la pièce en s'y insinuant de manière surnaturelle.
- La Lumière, elle va pas vous sauver maintenant.
Il y eut des craquements, par-delà la fumée. Deux des masques en bois surgirent et flottèrent dans l'aide immobile.
- Vous avez été jugés, et vous avez été déclarés coupables.
Les traits des masques se déformèrent, reflétant le ton de la voix.
- Coupables !
- Coupables !
Liadrin se tourna vers Dar'Khan, dont les yeux étaient maintenant d'un blanc le plus pur. Il souriait et riait, poussant un son beaucoup plus effrayant que s'il avait hurlé. Elle regarda alors Galell, qui la dévisageait avec un air de surprise et de... soulagement ?
-Parfois, on dirait des enfants qui piaillent par centaines, dit-il. Par centaines.
Un bon morceau de son crâne tomba par terre. Le sang jaillit à gros bouillons de sa plaie à la tête et aspergea les dalles. Liadrin détourna le regard. Lor'themar hurlait de douleur. Elle vit avec horreur son corps s'embraser. Les deux masques étaient désormais plus près et la menaçaient d'un air de reproche malicieux.
- Coupables !
- Coupables !
Dar'Khan riait toujours. Liadrin se tourna vers lui. Sa peau qui avait viré au gris commençait à peler. Des lambeaux situés près de sa bouche avaient déjà disparu et laissé place à une mâchoire de prédateur souriante et sanguinolente. Un insecte boursouflé sortit d'une narine et cavala sur son visage. Des esquilles commencèrent à lui transpercer la peau. Liadrin ferma les yeux tant qu'elle put.
Ce n'est pas réel.
Ce n'est pas réel.
Ce n'est pas réel !
La voix reprit de plus belle.
- Vous avez été déclarés coupables...
Liadrin rouvrit les yeux. Les masques avaient disparu. Elle n'avait aucune idée du temps qui s'était écoulé. Est-ce terminé, pensa-t-elle, ou s'agit-il encore d'un tour de mon esprit ?
En s'écartant, le voile de fumée révéla un troll accroupi devant elle. Il portait une veste de cuir ouverte. La moitié inférieure de son visage était dissimulée derrière une longue étoffe. Ses yeux écarquillés jetaient des flammes.
On dirait que les effets ne se sont pas encore dissipés finalement.
- Vous êtes coupables. Coupables de nous avoir chassés de nos terres.
Deux trolls d'un brun hâlé, qui avaient eux aussi la moitié inférieure du visage cachée, se tenaient de part et d'autre de Lor'themar. Celui qui se trouvait derrière le forestier avait une cicatrice en travers du front. Si Lor'themar ne brûlait pas, fort heureusement, il se tortillait et convulsait toujours, les yeux bien fermés, comme s'il luttait contre les épouvantables visions qui l'assaillaient. Les trolls frappèrent le sol de pierre de leurs lances.
- Coupables !
- Coupables !
- Coupables de nous avoir obligés à nous terrer comme des animaux. Coupables d'avoir massacré mes frères et sœurs. Coupables d'avoir cru que tout vous appartenait. Coupables d'être assez bêtes pour avoir cru que vous pouviez réussir là où les autres, ils avaient échoué.
Le troll se tut quelques instants et se tourna vers elle. Ses yeux pétillaient et il émit un gloussement guttural. Elle s'imagina aussitôt qu'il s'agissait de Zul'jin. Elle avait entendu les histoires du redoutable chef troll qui organisait des attaques audacieuses contre les villages elfiques les mieux protégés. Il arrivait toujours à se jouer de leurs défenses, à infliger des dommages et des pertes, et à s'en sortir indemne. Il était devenu célèbre pour sa cruauté et sa ruse.
- Les aqir, ils sont essayé de chasser nos ancêtres. Les elfes de la nuits, ils ont essayé de nous chasser. Et voilà que maintenant, c'est vous qui essayez de nous chasser, mais...
Il se pencha en secouant la tête de gauche à droite.
-... on va devenir votre cauchemar...
Liadrin cligna des yeux et l'écharpe de Zul'jin prit soudain l'allure d'un énorme serpent constricteur lové autour de son cou et de son visage.
-... qui ne vous lâchera plus.
Le serpent leva sa tête gigantesque et ouvrit grand sa gueule pour révéler d'innombrables rangées de crochets aussi pointus que des aiguilles. Liadrin cligna à nouveau des yeux et le serpent disparut, remplacé par l'écharpe en lambeaux. Zul'jin, impressionnant, s'était redressé de toute sa hauteur. Il avait bien une tête et demie de plus que le plus grand des trolls qu'il lui ait jamais été donné de voir. Il descendit dans la dépression.
Lor'themar avait ouvert les yeux. Il semblait surmonter es visions et tentait de reprendre ses esprits. Elle pensa à Galell et se tourna vers lui. Il avait les paupières fermées, mais ne se débattait pas comme dans un mauvais rêve. Il semblait parfaitement concentré et contemplatif au lieu d'être terrifié. Liadrin ne savait pas trop s'il fallait s'en inquiéter.
- Et comme on ne partira pas... Je pense que nos terres, on devrait les reprendre. Brûler vos mignons villages. Vous renvoyer d'où vous êtes venus la queue entre les jambes. Mais ça sera pas facile. Vous êtes malins...
Il porta la main à son flanc et dégaina un long kriss.
- Vos pierres runiques, elles affaiblissent notre magie. Votre magie à vous, elle protège vos cités. Mais j'ai observé et j'ai réfléchi...
Zul'jin tapota sa tempe de sa lame et s'accroupit devant Lor'themar.
-... je crois que votre pouvoir, il vient de cette fontaine de lumière. Comment vous l'appelez déjà ? Le Puits de soleil ? Ouais, je crois bien que c'est ça qui vous donne votre pouvoir. Et sans lui, peut-être bien que votre magie, elle sera pas si puissante que ça.
Liadrin se tourna vers Dar'Khan. Il ne ressemblait plus à un cadavre animé et paraissait même en bonne forme... En fait, il semblait attentif. Zul'jin se servit de son épée courte pour couper les sangles en cuir de l'armure de Lor'themar. Ensuite, il taillada la tunique du forestier pour dévoiler son torse. Liadrin voulut bouger un doigt. Impossible. Elle prit une profonde inspiration, se calma comme elle le put, et tenta à nouveau sa chance. Elle y parvint.
Ce fut un tout petit geste, mais c'était mieux que rien. Cela voulait dire que les effets de la fumée commençaient à s'estomper. Zul'jin fit glisser la pointe de son arme contre le ventre et la poitrine de Lor'themar, en effleurant la surface de sa peau.
- Ce que je veux savoir, c'est comment venir à bout des pierres runiques. Je veux tout savoir au sujet du Puits de soleil et de ses défenses.
Ainsi, pensa Liadrin, ils ne savent pas comment saboter les pierres runiques. En fait, elle était juste défectueuse. C'était toujours bon à savoir. Il se leva et tourna la tête vers Liadrin et les autres.
- Votre ami, là, il parle peut-être pas. C'est un forestier, non ? Eux, c'est des coriaces. Mais quand vous le verrez dépecé vif, quand vous l'entendrez hurler à en perdre haleine, peut-être que vous y réfléchirez à deux fois. Peut-être qu'un de vous, il parlera. Je vous laisse une chance. Une seule.
Zul'jin regarda d'abord Liadrin, puis Dar'Khan. Il jeta un rapide coup d’œil à Galell, qui avait encore les yeux fermés. Puis il y eut un long moment de silence.
- Ça ne me surprend pas. Vous êtes trop fiers. Peut-être que vous aimez vous battre et tuer. Je vais vous dire une chose : on va se battre jusqu'au dernier d'entre nous. Vous allez voir de quel bois on se chauffe.
Jouant frénétiquement avec la pointe de son arme, Zul'jin s'accroupit à quelques centimètres de Lor'themar
- Mais d'abord, je vais t'ouvrir et voir de quoi t'es fait.
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Suite demain soir !
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La flamme n'était plus qu'à un cheveu des brindilles. Lor'themar reprit rapidement.
- Nous avons une chance de survivre, mais pour cela, nous allons devoir collaborer. Dès que l'occasion se présentera, je passerai à l'action. Vous autres essayerez d'en faire de même. Le moment venu, n'hésitez pas une seconde ! Je vous jure que, quoi qu'il arrive, je ne vous abandonnerai pas si je réussis à me libérer. Le petit bois s'embrasa. Le forestier poursuivit.
Le brasero se mit à brûler. Une épaisse fumée noire se dégagea des feuilles, s'élevant vers le plafond en tourbillonnant. Au bout de quelques secondes, des tentacules nébuleux se mirent à redescendre. Lor'themar conclut :
- Je vous le jure : ce sera tous ou aucun.
Liadrin observa la fumée qui s'enroulait autour de ses pieds et de ses jambes, avant de remonter le long de son corps.
- C'est d'accord : tous ou aucun.
Galell se rallia à leur opinion et, aussi étonnant que cela puisse paraître, le ton de sa voix transmit le même sang-froid, la même assurance qu'un peu plus tôt.
- Tous ou aucun.
Dar'Khan écarquilla les yeux lorsque la fumée lui caressa le torse.
- Oui,oui... tous ou aucun !
La pièce fut plongée dans le noir. Liadrin ferma les paupières et les sons qui lui parvenaient aux oreilles lui parurent étouffés, comme déformés. Elle retint son souffle aussi longtemps qu'elle le put, mais céda finalement à la panique et avala une goulée d'air. La fumée âcre et brûlante lui envahit les poumons. Elle eut aussitôt un sentiment de déchirement, comme si son esprit était séparé de son corps, perdu et errant dans le dense brouillard sombre. Elle prit vaguement conscience de ses yeux qui s'ouvraient.
La fumée se retira vers les bords de la pièce en tourbillonnant comme un nuage d'orage doué de vie. Lor'themar trembla légèrement, puis convulsa violemment. Il se tortilla comme un poisson au bout d'un hameçon et de l'écume jaillit de sa bouche. Une voix retentit dans l'espace clos, la voix rauque et râpeuse d'un troll. Elle semblait venir de partout et résonna dans la pièce en s'y insinuant de manière surnaturelle.
- La Lumière, elle va pas vous sauver maintenant.
Il y eut des craquements, par-delà la fumée. Deux des masques en bois surgirent et flottèrent dans l'aide immobile.
- Vous avez été jugés, et vous avez été déclarés coupables.
Les traits des masques se déformèrent, reflétant le ton de la voix.
- Coupables !
- Coupables !
Liadrin se tourna vers Dar'Khan, dont les yeux étaient maintenant d'un blanc le plus pur. Il souriait et riait, poussant un son beaucoup plus effrayant que s'il avait hurlé. Elle regarda alors Galell, qui la dévisageait avec un air de surprise et de... soulagement ?
-Parfois, on dirait des enfants qui piaillent par centaines, dit-il. Par centaines.
Un bon morceau de son crâne tomba par terre. Le sang jaillit à gros bouillons de sa plaie à la tête et aspergea les dalles. Liadrin détourna le regard. Lor'themar hurlait de douleur. Elle vit avec horreur son corps s'embraser. Les deux masques étaient désormais plus près et la menaçaient d'un air de reproche malicieux.
- Coupables !
- Coupables !
Dar'Khan riait toujours. Liadrin se tourna vers lui. Sa peau qui avait viré au gris commençait à peler. Des lambeaux situés près de sa bouche avaient déjà disparu et laissé place à une mâchoire de prédateur souriante et sanguinolente. Un insecte boursouflé sortit d'une narine et cavala sur son visage. Des esquilles commencèrent à lui transpercer la peau. Liadrin ferma les yeux tant qu'elle put.
Ce n'est pas réel.
Ce n'est pas réel.
Ce n'est pas réel !
La voix reprit de plus belle.
- Vous avez été déclarés coupables...
Liadrin rouvrit les yeux. Les masques avaient disparu. Elle n'avait aucune idée du temps qui s'était écoulé. Est-ce terminé, pensa-t-elle, ou s'agit-il encore d'un tour de mon esprit ?
En s'écartant, le voile de fumée révéla un troll accroupi devant elle. Il portait une veste de cuir ouverte. La moitié inférieure de son visage était dissimulée derrière une longue étoffe. Ses yeux écarquillés jetaient des flammes.
On dirait que les effets ne se sont pas encore dissipés finalement.
- Vous êtes coupables. Coupables de nous avoir chassés de nos terres.
Deux trolls d'un brun hâlé, qui avaient eux aussi la moitié inférieure du visage cachée, se tenaient de part et d'autre de Lor'themar. Celui qui se trouvait derrière le forestier avait une cicatrice en travers du front. Si Lor'themar ne brûlait pas, fort heureusement, il se tortillait et convulsait toujours, les yeux bien fermés, comme s'il luttait contre les épouvantables visions qui l'assaillaient. Les trolls frappèrent le sol de pierre de leurs lances.
- Coupables !
- Coupables !
- Coupables de nous avoir obligés à nous terrer comme des animaux. Coupables d'avoir massacré mes frères et sœurs. Coupables d'avoir cru que tout vous appartenait. Coupables d'être assez bêtes pour avoir cru que vous pouviez réussir là où les autres, ils avaient échoué.
Le troll se tut quelques instants et se tourna vers elle. Ses yeux pétillaient et il émit un gloussement guttural. Elle s'imagina aussitôt qu'il s'agissait de Zul'jin. Elle avait entendu les histoires du redoutable chef troll qui organisait des attaques audacieuses contre les villages elfiques les mieux protégés. Il arrivait toujours à se jouer de leurs défenses, à infliger des dommages et des pertes, et à s'en sortir indemne. Il était devenu célèbre pour sa cruauté et sa ruse.
- Les aqir, ils sont essayé de chasser nos ancêtres. Les elfes de la nuits, ils ont essayé de nous chasser. Et voilà que maintenant, c'est vous qui essayez de nous chasser, mais...
Il se pencha en secouant la tête de gauche à droite.
-... on va devenir votre cauchemar...
Liadrin cligna des yeux et l'écharpe de Zul'jin prit soudain l'allure d'un énorme serpent constricteur lové autour de son cou et de son visage.
-... qui ne vous lâchera plus.
Le serpent leva sa tête gigantesque et ouvrit grand sa gueule pour révéler d'innombrables rangées de crochets aussi pointus que des aiguilles. Liadrin cligna à nouveau des yeux et le serpent disparut, remplacé par l'écharpe en lambeaux. Zul'jin, impressionnant, s'était redressé de toute sa hauteur. Il avait bien une tête et demie de plus que le plus grand des trolls qu'il lui ait jamais été donné de voir. Il descendit dans la dépression.
Lor'themar avait ouvert les yeux. Il semblait surmonter es visions et tentait de reprendre ses esprits. Elle pensa à Galell et se tourna vers lui. Il avait les paupières fermées, mais ne se débattait pas comme dans un mauvais rêve. Il semblait parfaitement concentré et contemplatif au lieu d'être terrifié. Liadrin ne savait pas trop s'il fallait s'en inquiéter.
- Et comme on ne partira pas... Je pense que nos terres, on devrait les reprendre. Brûler vos mignons villages. Vous renvoyer d'où vous êtes venus la queue entre les jambes. Mais ça sera pas facile. Vous êtes malins...
Il porta la main à son flanc et dégaina un long kriss.
- Vos pierres runiques, elles affaiblissent notre magie. Votre magie à vous, elle protège vos cités. Mais j'ai observé et j'ai réfléchi...
Zul'jin tapota sa tempe de sa lame et s'accroupit devant Lor'themar.
-... je crois que votre pouvoir, il vient de cette fontaine de lumière. Comment vous l'appelez déjà ? Le Puits de soleil ? Ouais, je crois bien que c'est ça qui vous donne votre pouvoir. Et sans lui, peut-être bien que votre magie, elle sera pas si puissante que ça.
Liadrin se tourna vers Dar'Khan. Il ne ressemblait plus à un cadavre animé et paraissait même en bonne forme... En fait, il semblait attentif. Zul'jin se servit de son épée courte pour couper les sangles en cuir de l'armure de Lor'themar. Ensuite, il taillada la tunique du forestier pour dévoiler son torse. Liadrin voulut bouger un doigt. Impossible. Elle prit une profonde inspiration, se calma comme elle le put, et tenta à nouveau sa chance. Elle y parvint.
Ce fut un tout petit geste, mais c'était mieux que rien. Cela voulait dire que les effets de la fumée commençaient à s'estomper. Zul'jin fit glisser la pointe de son arme contre le ventre et la poitrine de Lor'themar, en effleurant la surface de sa peau.
- Ce que je veux savoir, c'est comment venir à bout des pierres runiques. Je veux tout savoir au sujet du Puits de soleil et de ses défenses.
Ainsi, pensa Liadrin, ils ne savent pas comment saboter les pierres runiques. En fait, elle était juste défectueuse. C'était toujours bon à savoir. Il se leva et tourna la tête vers Liadrin et les autres.
- Votre ami, là, il parle peut-être pas. C'est un forestier, non ? Eux, c'est des coriaces. Mais quand vous le verrez dépecé vif, quand vous l'entendrez hurler à en perdre haleine, peut-être que vous y réfléchirez à deux fois. Peut-être qu'un de vous, il parlera. Je vous laisse une chance. Une seule.
Zul'jin regarda d'abord Liadrin, puis Dar'Khan. Il jeta un rapide coup d’œil à Galell, qui avait encore les yeux fermés. Puis il y eut un long moment de silence.
- Ça ne me surprend pas. Vous êtes trop fiers. Peut-être que vous aimez vous battre et tuer. Je vais vous dire une chose : on va se battre jusqu'au dernier d'entre nous. Vous allez voir de quel bois on se chauffe.
Jouant frénétiquement avec la pointe de son arme, Zul'jin s'accroupit à quelques centimètres de Lor'themar
- Mais d'abord, je vais t'ouvrir et voir de quoi t'es fait.
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Suite demain soir !
Erianøs- Messages : 9
Age : 25
Date de naissance : 14/07/1999
Date d'inscription : 30/12/2013
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